Nous sommes fin novembre et c’est souvent la période des évaluations annuelles. Je vous partage aujourd’hui ma pire meilleure évaluation annuelle. C’est vrai que, souvent, c’est un moment assez stressant : on parle de l’atteinte des objectifs de l’année, on fixe les suivants, on détermine parfois les variables, ou on parle d’augmentation. Ce n’est pas un moment toujours facile, mais cette année-là, je suis arrivé très serein à l’échange. Vous allez découvrir pourquoi.
Au cours de l’année, mon dirigeant m’avait confié un nouveau projet, le projet Ninja et m’avait donné un objectif chiffré précis. Si j’étais aussi serein à l’entretien annuel d’évaluation, c’est que je savais que j’avais non seulement atteint l’objectif, mais que je l’avais largement dépassé. J’avais atteint à peu près 150% de l’objectif.
On va être clair, en 10 ans en entreprise, cela ne m’est arrivé qu’une seule fois d’atteindre un tel niveau donc j’avais toutes les raisons d’être confiant. J’ai toujours été un bon élève et j’apprécie quand on me dit que mon travail est bien fait… C’était l’occasion!!!
En démarrant l’entretien annuel, même si mon dirigeant savait déjà que j’avais dépassé largement l’objectif, je lui présentais avec délice tout ce que j’avais mis en oeuvre pour ce projet: j’avais réussi à mobiliser toute mon équipe sur le sujet. Au-delà de mon équipe, j’avais réussi à impliquer des collaborateurs d’autres services dans la mission, j’avais noué des relations fortes avec des partenaires clés, nous avions travaillé d’arrache pied au quotidien, nous avions eu plein d’idées innovantes… Bref, un tableau magnifique comme on en voit rarement dans la vraie vie…
A chaque fois, mon dirigeant acquiesçait et je me disais que j’allais réussir à bien négocier mon variable ainsi que celui de mon équipe.
A la fin de mon petit speech, il reste silencieux un moment, puis il me dit :« Bravo, c’est très bien, mais au début, qui t’a donné l’idée du projet Ninja ? Et te souviens-tu comment tu avais réagi? »
C’est à ce moment-là que je me suis souvenu de ma réaction : je lui avais dit que même si je comprenais l’intérêt et la valeur du projet, l’objectif était clairement inatteignable, mais bon que j’allais donner mon maximum pour réussir. A vrai dire, je n’avais même jamais osé penser à cette idée, et je m’étais mis des barrières.
L’exécution du projet Ninja avait été un succès, mais finalement l’étincelle initiale ne venait pas de moi, elle ne m’avait même pas effleuré et j’avais même mis un peu de temps à l’accepter.
Même si je croyais avoir été créatif dans ce projet, finalement, cette créativité avait été seulement mis en avant dans la réalisation du projet et non dans son initiation.
Cet entretien a été révélateur. Maintenant, dans tous mes projets, j’essaie de me forcer à imaginer ce qui serait possible sans me mettre de limites particulières et cela peut créer de belles surprises! En lançant Effet Eurêka, je n’aurais jamais imaginé que cela m’amènerait à interviewer un champion olympique !
Si vous avez votre entretien annuel dans les prochains jours, osez proposer un objectif qui sort de l’ordinaire. Même si vous ne savez pas encore comment vous allez le réaliser. C’est en le mettant en oeuvre que des solutions et des nouvelles idées vous viendront à l’esprit.