En préparant l’épisode sur la vidéo TED proposée par Angela Ducksworth autour du thème du GRIT, j’ai passé pas mal de temps sur son site internet.Et je me suis aperçu qu’Angela Ducksworth y partageait l’ensemble de ses travaux de recherche. Par curiosité, j’ai regardé ce qui la motivait actuellement. Je voulais voir comment elle avait fait évoluer son travail depuis le TEDTalk qu’elle avait réalisé en 2012. Et je suis tombé sur un travail de recherche qui m’a surpris.
Lorsque nous sommes bloqués pour atteindre un objectif, un de nos réflexes est d’aller chercher des conseils.
Ce que nous voulons en réalité, c’est plus d’informations : soit pour prendre une meilleure décision, soit pour penser à des solutions que nous n’avons pas imaginées.
Mais plus d’informations ne fait pas tout. Cela peut même être contreproductif. En effet, quand une personne n’a pas la motivation pour transformer son savoir en action, recevoir des conseils peut lui être dommageable car cela la fait se sentir inférieur, ou pas à la hauteur. Cela influence négativement sur sa confiance en elle. Qui ne s’est jamais dit : “il me dit ce que je dois faire, je sais très bien ce que je dois faire, même si je ne le fais pas, mais je sais ce que je dois faire… »
A partir de ce constat, les auteurs se sont posés une question: “Et si les personnes qui étaient bloquées dans leur objectif par manque de motivation n’obtenaient pas de meilleurs résultats à donner des conseils plutôt qu’à en recevoir? » Tout simplement parce qu’être bloqué dans ses objectifs peut détruire la confiance en soi. Donner des conseils pourrait la restaurer. Et, ceci pour 4 raisons:
- Déjà lorsque que quelqu’un nous demande un conseil, c’est parce qu’elle pense que nous avons des compétences pour répondre à notre problématique
- Ensuite, parce qu’on s’attend à ce que le conseiller soit un modèle et ait réussi à suivre son propre conseil par le passé.
- Troisièmement, en donnant des conseils, le conseiller peut se créer pour lui-même un but à atteindre et un plan d’action pour y arriver.
- Enfin, cela donne au conseiller le sentiment d’avoir de l’influence.
Pour résumer, le constat est fait dans ce travail de recherche qu’il existe une conception erronée qui veut que les personnes qui sont bloquées dans l’atteinte de leur objectif le soient par manque d’information plutôt que par manque de motivation. Or, c’est plus fréquemment la motivation que l’information qui manque. Et alors que le réflexe naturel qui nous pousse à demander conseil est basé sur un sentiment de manque d’information, la bonne stratégie si ce qui nous manque est de la motivation, est donner des conseils plutôt que d’en recevoir.
Ce travail de recherche m’a interrogé sur ce que je pratique en classe. En effet, je demande parfois aux élèves les plus à l’aise d’aller aider ceux qui ont plus de difficultés. Cela permet aux élèves les plus à l’aise de reformuler ce qu’ils ont appris et de véritablement se l’approprier et les élèves plus en difficultés peuvent recevoir une information formulée avec les propres mots d’un camarade et non du professeur.Mais, est-ce que les enfants plus en difficulté ont vraiment d’information complémentaire ou alors de motivation ? Certainement des deux.
Alors, comment puis-je amener mes élèves plus en difficulté à donner des conseils et à ne pas uniquement en recevoir ?
Et, vous, dans votre entreprise, quand est-ce que vous avez demandé pour la dernière fois à un membre de votre équipe de vous DONNER un conseil plutôt que de lui en donner un ? Et est-ce que vous avez véritablement, pleinement, écouté son conseil ?