Demain sera le dernier épisode de la saison 1 d’Effet Eurêka. Ça aurait quand même été dommage de la terminer sans écouter la Reine des Neiges, vous ne trouvez pas ? Allez c’est parti !
Je suis à peu près sûr que vous l’avez déjà écouté en français, mais l’avez-vous déjà entendu en anglais ? Non ? quel dommage !
Quoi, vous connaissiez déjà la version anglaise ? Alors, on va écouter la version allemande ! Promis, après j’arrête!
Si je vous ai fait écouté ces 3 extraits, c’est que la phrase « Le froid est pour moi le prix de la liberté » est traduite de façon très différente selon les langues. Si on traduit littéralement :
En anglais, cela donne : « Le froid ne m’a de toute façon jamais dérangé ».
En allemand, cela donne : « Le froid fait maintenant partie de moi ».
Maintenant, que l’on a cette traduction, cherchons celle qui est la plus proche du dessin animé. Alors, dans le dessin animé, la Reine des Neiges a le pouvoir de créer, manipuler de la glace. C’est un pouvoir qu’elle a dès l’enfance, mais c’est un pouvoir qu’elle peine à maitriser et qu’elle dissimule derrière des gants pour le refouler. La fameuse chanson intervient au moment où la Reine des Neiges commence à surmonter sa peur et à mettre son pouvoir à son service pour créer un immense palais de glace.
Si on revient aux traductions:
En Français, on insiste sur le prix qu’à la liberté. Pour être libre, la Reine des Neiges est obligé de s’isoler dans un château de glace en haut de la montagne.
En Anglais, c’est plutôt la résilience ! Peu importe les obstacles, le froid ou pas, je vais réussir !
En Allemand, je trouve qu’on sent dans la traduction comme une affirmation de soi, cette fois, ça y est, le froid fait vraiment partie de moi, j’ai réussi à dompter ma force… Personnellement, je trouve que cette traduction est la plus proche du dessin animé.
Vous commencez à vous dire que j’ai complètement craqué, qu’il est vraiment temps que j’arrête de faire des podcasts tous les jours ?
Mais, en réalité, le point que j’aimerais soulever ici, c’est l’importance de la langue dans la culture. Par exemple, certains mots, certaines expressions n’ont pas de traduction exacte dans d’autres langues…Prenons par exemple le terme allemand de Sehnsucht, qui est une sorte de vague à l’âme, mais pas tout à fait… “Sehnsucht n’est ni un sentiment foncièrement négatif ni positif : il représente un objet du désir inaccessible et qu’il n’est pas forcément souhaitable d’atteindre. C’est une émotion en rapport à une certaine incomplétude ou imperfection. Elle a été décrite comme une soif de vie ou une quête individuelle du bonheur se heurtant à la réalité de souhaits non satisfaits ».
C’est d’ailleurs assez énervant, lorsque que quelqu’un est en train de parler, puis s’arrête au milieu de sa phrase, cherche ses mots, et puis dit : « au fait, comment on dit ça déjà en francais? ». Ca fait un peu prétentieux, mais en réalité, c’est assez logique, puisque lorsque vous parlez une autre langue, vous changez de logiciel.
Ce qui est vrai pour le vocabulaire est aussi vrai pour sa grammaire. Pour rester sur la langue de Goethe, vous savez peut-être que certaines structures de phrases placent le verbe à la fin. Cela offre un avantage évident pour celui qui est en train de parler : eh oui, il est beaucoup plus difficile d’interrompre celui qui parle au milieu d’une phrase puisque vous allez avoir du mal à comprendre le sens de la phrase si vous n’avez pas entendu le verbe. Ainsi, on est obligé d’écouter le locuteur jusqu’au bout avant de répondre…
Sans parler de langue étrangère, mieux connaitre sa propre langue nous permet aussi de mieux comprendre notre propre culture. A ce titre, nous pouvons jeter un oeil l’etymogolie des mots car chaque mot a un bagage et à une origine. Regardons simplement un instant l’étymologie du mot compassion. Ce mot vient de deux mots latin : com qui signifie avec et passio qui signifie souffrir, ainsi la compassion, c’est souffrir avec !
En fait, la compassion, c’est ce que nous ressentons lorsque des parents nous dise que la chanson de La Reine des Neiges tourne en boucle chez eux…