Sur le fronton de Delphes, on trouve un précepte très célèbre: “Connais-toi toi-même.”
En lisant cette phrase, on pense qu’elle nous invite à une introspection, à mieux se connaitre soi-même.
Or, la question de l’identité telle que nous nous la posons aujourd’hui avait-elle vraiment un sens en Grèce antique ? A priori, non, l’individu est avant tout comme un membre de la Cité. Ainsi, peut-être que le « connais toi toi-même” est plus une invitation à l’humilité. N’oublie pas que tu fais partie d’un tout. D’ailleurs, lorsque vous êtes jugé et condamné à quitter la cité, c’est une terrible sentence.
Peut-être que ce « connais-toi toi-même » nous invite simplement à nous souvenir de notre propre mortalité, un peu à la manière des cérémonies du triomphe dans la Rome Antique. Lorsqu’un général rentrait victorieux d’une campagne, il paradait dans Rome, mais se trouvait également derrière lui un serviteur qui lui susurrer à l’oreille « Mémento Mori » : souviens toi que tu es mortel.
Au delà de l’humilité à laquelle invite déjà ses deux interprétations du « connais toi toi-même », on peut tirer une troisième leçon d’humilité.
Je ne suis pas un philosophe, je n’habite pas Athènes plusieurs siècles avant Jésus-Christ, comment puis-je comprendre ce que les Anciens qui ont gravé ce message sur le fronton de Delphes voulait vraiment dire? En fait, on a très souvent lieu d’interpréter un évènement, un fait, selon notre propre perspective, notre point de vue et cela peut conduire à de mauvaises interprétations voire à des contre sens complets.
Prenons l’exemple des épicuriens… Oui, vous savez les épiceriens, ces débauchés, qui ne pensent qu’à festoyer et forniquer… Enfin, est-ce vraiment sûr que c’est cela qu’ils prônent ? Pas si sûr?
Revenons quelques instants sur leur philosophie.
Épicure classe les désirs en 3 catégories: – les besoins naturels et nécessaires: ce dont on ne peut pas se passer pour vivre. Par exemple, manger et dormir. – les désirs naturels et non nécessaires comme les désirs sexuels – les désirs non naturels et non nécessaires: le désir du pouvoir ou de la richesse.
Tous les plaisirs ne sont pas bons à prendre. Épicure prône la prudence et recommande de se limiter aux plaisirs les plus simples. Pour savoir quel plaisir choisir, il faut être en mesure d’évaluer le bénéfice que le plaisir va nous procurer. Puis, il faut envisager la douleur que la réalisation de ce désir va engendrer. Toute souffrance n’est ainsi pas à refuser pour peu qu’elle produise à long terme un plaisir qui lui est supérieur. De même, un désir n’est pas forcément à satisfaire s’il engendre plus de souffrances à postériori que de plaisir immédiat. La réalisation d’un désir ou non sera donc un acte raisonné. On est loin d’une philosophie où tous les plaisirs sont permis…
Pour conclure cet épisode, revenons au point de départ, au précepte inscrit sur le fronton de Delphes « connais toi toi-même ». Savez-vous qu’il est inscrit un deuxième précepte. Il s’agit de « rien de trop ». Un précepte bien épicurien, ne trouvez-vous pas ?