Il y a quelques années, j’ai fait un stage en Allemagne chez Adidas. Quelques jours avant de le débuter, j’avais échangé par téléphone avec un camarade de promotion qui commençait également un stage chez Adidas le même jour que moi. Nous avions convenu de nous retrouver au Mac Donald de la place centrale de Nuremberg la veille de notre premier jour.
La veille de notre premier jour, nous nous retrouvons juste devant l’entrée du fast-food, nous nous saluons, puis entrons. Il y a beaucoup de monde et nous décidons de nous séparer: l’un part réserver une table pendant que l’autre commande. Je lui demande s’il parle bien allemand (ce n’était pas une obligation pour travailler chez Adidas) et il me répond : « un peu, ça va… ». Bon, je lui propose d’aller commander.
Mes deux années de classe préparatoires ne sont pas si éloignées et je me dis que je devrais m’en sortir. Je sais écrire en allemand sur de nombreux sujets comme la variation du cours du pétrole, je devrais bien réussir à commander deux menus Big Mac.Je me présente devant le comptoir et à peine ai-je dis : « Bonjour, je voudrais deux menu Big Mac », que le serveur m’interrompt et me parle en anglais… Même s’il a switché de façon tout à fait bienveillante, ça a fait un peu mal à mon égo… Je prends la commande en me demandant comment ça se passerait demain et surtout que je ne risquais pas beaucoup de parler allemand pendant mes 6 mois chez Adidas…
Je reviens avec ma commande à la table réservée par mon futur collègue, et là, je le vois tranquillement parler dans un allemand parfait avec un voisin… Boum, deuxième coup au moral ! Pas mal pour quelqu’un qui ne répond « un peu, ca va » quand on lui demande s’il parle allemand.
Depuis cette expérience, je suis toujours méfiant quand je demande à quelqu’un comment il se débrouille dans un domaine et qu’il répond, un peu ou ca va. J’adore le tennis et généralement, il vaut mieux se méfier des adversaires qui ont cette réponse plutôt que des joueurs qui disent qu’ils savent très bien jouer…
Je ne pense pas que cela soit de la fausse modestie, ou une volonté de tromper son interlocuteur. Je pense surtout que plus on connait un sujet, plus on se rend compte de sa profondeur, et plus on se rend compte de tout ce que l’on ignore encore…
Alors, cela nous ramène à la sagesse de Socrate quand il disait : « la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien ».
Ainsi se conclut notre semaine sur l’humilité. Pour résumer :
- Nous nous sommes rappelés que nous n’étions qu’un grain de sable dans l’univers
- Que nous étions soumis à des interprétations qui doivent nous inciter à être vigilant sur nos jugements
- Enfin, que la seule chose que nous savons vraiment, c’est que nous ne savons rien.