L’année dernière, j’avais quelques comportements assez complexes à gérer et je me suis donc penché sur les ressources sur ce sujet.
Je suis tombé sur une vidéo de formation de Steve Bissonnette intitulée : « L’enseignement explicite des comportements ».
Cette vidéo est une vraie mine d’or : je pense que j’ai dû l’écouter entre 5 et 6 fois l’année dernière, sur mon trajet domicile-école! Ce que je vais vous partager ici en est donc fortement inspiré.
Une autre source d’inspiration pour cet article est Maitresse Aurel, notamment son article La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix et son intervention intitulée « Empathie, Emotions, CPS… Des injonctions à la mise en oeuvre » dans la formation CP que nous animons sur Effet Eurêka.
En parlant de Maitresse Aurel, je me permets de reprendre mot pour mot le « disclaimer » qu’elle a mis en introduction de son article sur la gestion du bruit:
« Si vous cherchez une méthode miracle pour supprimer totalement les bavardages en classe, je préfère vous prévenir de suite que vous pouvez passer votre chemin. Cet article n’en proposera pas. Il vous présentera juste la façon dont j’ai procéder dans ma classe pour tenter de les réduire mais surtout pour les rendre moins gênants dans le contexte de classe. »
Le principe des nouilles… à ma sauce :
Pendant longtemps, j’ai cherché un système de gestion des comportements qui me correspondaient. Les Rouge/Orange/Vert, les privilèges, les bons points, les fleurs en fin de journée… J’avais l’impression que rien ne me convenait vraiment… jusqu’au jour où j’ai entendu Steve Bissonnette parler du principe des nouilles.
C’est simple : vous prenez un bocal, vous tracez un trait bien visible vers le haut du bocal et à chaque fois que la classe adopte le comportement attendu, vous jetez des nouilles dans le bocal. Lorsque les nouilles atteignent le trait, toute la classe est félicité et récompensé… 👇👇 les nouilles présentées avec plus d’éloquence ci-dessous :
https://www.youtube.com/clip/UgkxD8Y6CvRDYKXIlcocPBtj-zes5RcuXOuR
J’ai testé le principe des nouilles et je l’ai adapté à ma sauce…
Chaque semaine, la classe a un défi à relever. Ce défi doit être concret et observable. Le défi de ma troisième semaine de classe est : « En temps collectif, je lève la main pour demander la parole. ». Simple, basique…
Les élèves commencent la semaine avec 10 points. A certains moments non déterminés durant la journée, si le défi est respecté, je vais ajouter un point à la classe entière. A contrario, si je vois qu’un élève prend la parole sans lever la main, il fait perdre un point à la classe entière…
A la fin de la semaine, on fait le bilan. Je cumule le score de la semaine avec les scores des semaines précédentes. Lorsque la classe atteindra 100 points, toute la classe aura droit à une récompense. Nous allons prendre le temps de déterminer ensemble la récompense que les élèves souhaitent.
Au fur et à mesure de l’année, je vais m’amuser à ajouter des éléments à ce système… Par exemple, 2 points bonus en fin de semaine si la bibliothèque est bien rangée, 2 points bonus si les casiers sont bien rangés.
Il m’arrive aussi de mettre des points bonus à différents moments de la journée (de manière imprévisible). En mettant le point bonus, je verbalise explicitement le comportement que j’observe : « Waouh, j’observe que vous êtes très concentrés sur votre cahier d’exercice, et que vous arrivez à chuchoter! Bravo, je vais mettre un point bonus! ».
Il m’arrive aussi de mettre des pénalités quand un comportement est contraire à l’attendu: « Tu as couru avec des ciseaux dans la classe… hum… je vais devoir mettre un point de pénalité… »
Et le bruit dans tout ça ?
Le bâton de pluie : un signal clair
En fouillant dans les armoires de la classe pendant les grandes vacances, je suis tombé sur un bâton de pluie. Il m’est bien utile cette année…
Lorsque les élèves l’entendent, ils doivent absolument se taire et faire le silence complet. En EPS, je remplace le bâton de pluie, par deux coups de sifflet à la poire.
Pour moi (ou disons pour ma personnalité d’enseignant), il est important d’être capable d’obtenir un silence complet si jamais j’en ai besoin. Évidemment, j’essaie de ne pas en abuser. En début d’année, la classe gagne beaucoup de points bonus lorsqu’il le respecte!
Ecouter notre bruit
En début d’année, pendant des temps d’ateliers par exemple, il m’arrive de mettre en marche le dictaphone de mon téléphone. Je transfère le fichier audio sur mon ordinateur et lorsque nous revenons en temps collectif, je fais écouter le bruit qu’ils ont fait durant les ateliers.
J’essaie de leur faire écouter un moment où ils chuchotent, et un moment où ils parlent trop fort. Cela leur permet de bien entendre la différence.
Nuancer :
En début d’année, nous avons travaillé sur les nuances de voix : se taire, murmurer, chuchoter, parler, présenter, crier. Je vous renvoie à l’article de Maitresse Aurel sur la gestion du bruit pour plus d’informations.
Pour travailler ces nuances, nous ne le faisons pas avec Chuchoti-Chuchota, mais avec les comptines de l’enthousiasme orthographique…
Accueil échelonné:
Bien commencer la journée a toujours été une priorité pour moi. Cette année, j’ai la chance de pouvoir réaliser un accueil échelonné dans ma classe.
Les élèves arrivent au compte-goutte et j’ai ainsi le temps de les saluer individuellement et d’observer comment ils se sentent.
C’est un temps où j’essaie d’être vraiment modélisant. Je chuchote, voire je murmure. Les élèves imitent et se mettent au travail très calmement.
L’autre avantage, c’est que les derniers qui arrivent observent leurs camarades qui sont calmes et cela leur indique clairement que c’est ce qu’ils doivent faire.
Temps de transition : une hyper-valorisation des comportements attendus
Je suis sûr que c’est pareil pour vous : les temps de transition sont les plus bruyants et complexes à gérer. Dans ces moments-là, je me concentre véritablement sur la verbalisation du comportement attendu : « Bravo Mickaël, tu es assis à ta place, tu es silencieux, tu as sorti ton ardoise, ton velleda et ton chiffon. Bravo! ».
Travail sur la respiration:
Lorsque je sens la classe agitée, j’utilise les « respiroutines » proposés par David O’Hare dans son livre « Cohérence Kid » que Maitresse Aurel nous a fait découvrir.
Nous prenons le temps de « respirer » en utilisant l’une des respiroutines travaillées en classe.
J’insiste beaucoup sur la respiration cette année, car elle permet non seulement un retour au calme, mais également une meilleure maitrise de soi. En effet, il me semble intéressant de créer un « espace-temps » entre le moment où l’élève ressent une émotion forte, et le moment où il réagit à cette émotion:
Plutôt que, « Je suis très en colère, je tape sur mon copain. », j’aimerais plutôt « Je suis très en colère, je prends quelques secondes pour faire une ou deux respirations, puis je décide de ce que je fais » (en espérant que ce ne soit pas taper sur sur mon copain!)
J’espère que cet article vous a donné des idées concrètes pour votre gestion de bruit dans votre classe ! 😀
Je profite des ressources Sami et Julie proposées par Effet Eurêka: