Ah… ces leçons qui ont toujours lieu “au plus mauvais moment de la journée. Soit à son retour de l’école, soit notre retour du travail. Soit au sommet de sa fatigue, soit au creux de nos forces.” (cf chapitre 19 de “Comme un roman” de Daniel Pennac retranscrit en dessous de l’article en intégralité)
Tout d’abord, j’insiste beaucoup auprès des parents sur la nécessité de limiter les leçons à 15 minutes maximum (même si vous lisez moins que ce qui est demandé, ce n’est pas grave!)…
Je ne suis pas sûr de commencer les leçons dès la première semaine, et je vais donc vous prendre la semaine 5 de la méthode comme exemple de ce sujet toujours délicat.
Déroulé de la semaine:
Lundi 30 septembre : jour 4 de la S4
Mardi 1 octobre : jour 1 de la S5
Jeudi 3 octobre : jour 2 de la S5
Vendredi 4 octobre : jour 3 de la S5 ⇒ Je donne les leçons pour toute la semaine à suivre.
Lundi 7 octobre : jour 4 de la S5
Les leçons:
Voici les leçons que je distribuerai le vendredi 4 octobre et qui seront donc à réaliser la semaine suivante.
Pour le lundi 7 octobre:
– Relire à votre enfant le texte p22 (C’est pas bien de se moquer).
– Lire la page 24
Pour le mardi 8 octobre:
– Lire la fiche N-T dans le porte-vue
Pour le jeudi 10 octobre:
– Lire la page 25
– Relire avec votre enfant la leçon sur le verbe p23.
Pour le vendredi 11 octobre
– Lire la fiche CH-UN dans le porte-vue
Vous constatez qu’il y a un décalage d’une semaine entre la semaine d’étude en classe et la semaine où je mets le manuel ou les photofiches à relire. L’objectif est bien de rebrasser.
Pour compléter:
Les photofiches seront imprimées et glissées dans un porte-vue qui restera en permanence dans leur cartable. Je n’ai pas forcément prévu de les lire en classe avec eux avant.
Dans ce porte-vue, la première page sera celle des leçons. Je vais donc imprimer les leçons sur une feuille A4 que les enfants glisseront dans leur porte-vue en remplacement des leçons de la semaine précédente. Pas d’agenda ou de cahier de texte pour mes CP! J’essaie encore une fois de limiter mes outils pour que tout le monde s’y retrouve.
- Les affiches de compréhension
- Tous en réussite!
- Du bruit dans la classe
- Vocabulaire – une consigne détournée
- Carnet de lecteur
Extrait de Comme un roman de Daniel Pennac (chapitre 19 page 53):
« Nous ne sommes pas devenus des parents indignes pour autant. Nous ne l’avons pas abandonné à l’école. Nous avons suivi de très près sa progression, au contraire. La maîtresse nous connaissait pour des parents attentifs, présents à toutes les réunions, « ouverts au dialogue ».
Nous avons aidé l’apprenti à faire ses devoirs.
Et, quand il manifesta les premiers signes d’essoufflement en matière de lecture, nous avons bravement insisté pour qu’il lût sa page quotidienne, à voix haute, et qu’il en comprit le sens.
Pas toujours facile.
Un accouchement de chaque syllabe.
Le sens du mot perdu dans l’effort même de sa composition.
Le sens de la phrase atomisé par le nombre des mots.
Revenir en arrière.
Reprendre.
Inlassablement.
— Alors, qu’est-ce que tu viens de lire, là?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Et cela, au plus mauvais moment de la journée.
Soit à son retour de l’école, soit à notre retour du travail. Soit au sommet de sa fatigue, soit au creux de nos forces.
— Tu ne fais aucun effort !
Enervement, cris, renoncements spectaculaires, portes qui claquent, ou entêtement :
— On reprend tout, on reprend tout depuis le début !
Et il reprenait, depuis le début, chaque mot déformé par le tremblement de ses lèvres.
— Ne joue pas la comédie !
Mais ce chagrin-là ne cherchait pas à nous donner le change. Un chagrin vrai, incontrôlable, qui nous disait la douleur, justement, de ne plus rien contrôler, de ne plus tenir le rôle à notre satisfaction, et qui s’alimentait à la source de notre inquiétude beaucoup plus qu’aux manifestations de notre impatience.
Car nous étions inquiets.
D’une inquiétude qui le compara très vite à d’autres enfants de son âge.
Et de questionner nos amis untels dont la fille, non, non, marchait très bien à l’école, et dévorait les livres, oui.
Etait-il sourd ? Dyslexique, peut-être? Allait-il nous faire un « refus scolaire »? Accumuler un retard irrécupérable?
Consultations diverses : audiogramme tout ce qu’il y a de normal. Diagnostics rassurants des orthophonistes. Sérénité des psychologues…
Alors ?
Paresseux ?
Tout bêtement paresseux?
Non, il allait à son rythme, voilà tout, et qui n’est pas nécessairement celui d’un autre, et qui n’est pas nécessairement le rythme uniforme d’une vie, son rythme d’apprenti lecteur, qui connaît ses accélérations et ses brusques régressions, ses périodes de boulimie et ses longues siestes digestives, sa soif de progresser et sa peur de décevoir…
Seulement, nous autres « pédagogues » sommes usuriers pressés. Détenteurs du Savoir, nous le prêtons contre intérêts. Il faut que ça rende. Et vite! Faute de quoi, c’est de nous-mêmes que nous doutons. »